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L'Etat des Lieux de la Turquie d'Erdogan
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Raskolnikoff
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MessagePosté le: 07 Avr 2014 12:53    Sujet du message: Répondre en citant

L’élément tragique de l’homme moderne, ce n’est pas qu’il ignore le sens de la vie, c’est que cela le dérange de moins en moins (Vaclav Havel)
-----------------------------------------------
 
Turquie : Les municipales gagnées sur fond d’intrigues et de scandales

Par Ferit Ergil © Metula News Agency
 
Dimanche dernier, en Turquie, les élections municipales ont à nouveau été remportées par le parti gouvernemental AKP. Elles se sont déroulées dans un climat d’extrême tension, suite à une vaste affaire de corruption ayant éclaté à la fin de l’année dernière, qui implique directement le Premier ministre Erdogan et son proche entourage.
 
Le scandale a pris réellement forme il y a un mois environ, lorsque furent diffusés sur les réseaux sociaux plusieurs enregistrements de conversations téléphoniques compromettant Recep Tayyip Erdogan, son fils, ainsi que plusieurs de ses proches. Ces transcriptions renforçaient les soupçons de corruption à l’encontre du gouvernement d’Ankara, et elles ont attisé la colère de milliers de Turcs, à nouveau descendus dans les rues pour y exprimer leur courroux.
 
En réaction à ce scandale, Erdogan a fustigé les réseaux sociaux et fait bloquer l’accès à Twitter, après avoir précédemment menacé d’interdire Facebook et YouTube juste après la diffusion des premières fuites téléphoniques. Cette décision lui a valu du coup la réprobation internationale mais, selon les propres termes du chef de l’exécutif ottoman, lancés au cours d’un rassemblement électoral, il n’en a cure.
 
La semaine dernière, on annonçait la mise en ligne de vidéos montrant les ébats sexuels du Premier ministre en compagnie d’une ancienne Miss Turquie, aujourd’hui présentatrice de télévision.
 
Certains journaux étrangers, tels Libertatea de Bucarest et des organes de presse grecs et italiens, en ont fait état, mais cette vidéo n’a finalement pas été publiée dans les réseaux sociaux turcs.
 
La situation eût été intéressante quand on sait toute la vigueur que le chef de l’AKP met pour donner à son pays un visage de plus en plus islamisé, se faisant le champion du respect des bonnes mœurs, de la vertu et de l’honnêteté.
 
On n’a donc pas vu le leader islamiste dans son plus simple appareil et c’est dommage, cela aurait autant exposé son discours controuvé que son anatomie. Reste que la révélation du 27 mars dernier sur les nouvelles écoutes de membres du gouvernement, enregistrées à leur insu, a réellement eu l’effet d’une bombe. L’information avait immédiatement été reprise par ce qui reste de la presse libre dans le pays.
 
On y entend des discussions au sommet de l’Etat entre le ministre des Affaires Etrangères, Davudoglu, le chef d'état-major adjoint, le chef du service du renseignement (MIT), Hakan Fidan, ainsi qu’un autre conseiller ministériel, quant à un hypothétique engagement militaire turc dans le conflit syrien. Au besoin, comme le propose Fidan lors de ces conversations, en provoquant de toutes pièces un casus belli afin de justifier une intervention.
 
Le but d’une telle opération, envisagée à la veille des élections, consistait à faire oublier les échecs du gouvernement et à redorer son blason pour le maintenir au pouvoir.
 
Le plan du chef des services secrets était complètement machiavélique, puisqu’il proposait d’envoyer des hommes en Syrie afin de tirer des roquettes sur la Turquie ! Dans cet enregistrement, on entend les objections du conseiller, qui fait valoir que la réalisation de ce complot est susceptible de présenter des risques pour la population. Ce à quoi Fidan rétorque, soutenu par le troisième larron militaire, que « les missiles tomberont dans une zone inhabitée ».
 
Quant à Davudoglu, l’idée ne lui semblait pas inintéressante : une « attaque » du Front Islamiste de Damas et d'Irak aurait représenté un bon alibi pour « entrer en guerre » et la « riposte » turque aurait ainsi été approuvée par la communauté internationale.
 
Restait à convenir de la cible de « l’agression syrienne ». Qu’à cela ne tienne ! En réfléchissant pour définir quelle partie de leur propre pays il convenait d’attaquer, les quatre compères ont estimé que la tombe ottomane de Süleyman Chah, gardée par une poignée de soldats, située près d’Alep mais considérée, selon le droit international, comme territoire turc, participait d’un objectif approprié.
 
Les comploteurs décidèrent également de ne pas saisir les Nations Unies après l’attaque de la Turquie par des soldats turcs, car ils craignaient la réaction américaine, le renseignement US ayant les moyens de découvrir la supercherie.
 
Dès la publication de cet enregistrement terriblement compromettant, Youtube a rapidement rejoint Twitter dans les indésirables et a également été interdit et bloqué dans le pays. Dans la soirée qui a suivi ces révélations, tous les enregistrements avaient été effacés de tous les réseaux sociaux existants.
 
Vers minuit, nous apprenions qu'un obus "syrien" était tombé en fin d'après-midi sur le territoire turc, en zone inhabitée, près d'Antakya (Antioche), et que les forces armées turques ripostaient par des tirs de canon. Gageons qu’elles n’ont pas subi d’effet de surprise excessif.
 
Dans tout autre pays démocratique, les faits que nous retraçons dans ce papier, survenant en plus d’innombrables actes répressifs et corruptifs, auraient suffi pour envoyer Erdogan et son Parti pour la Justice et le Développement au Diable. Chez nous, cela ne lui a coûté que la perte d’à peine 5% des suffrages.
 
Les lecteurs de la Ména ne seront sans doute pas étonnés d’apprendre que, depuis des décennies, aucune élection n’avait suscité autant de cas de fraude de la part du régime. Dans les deux villes principales, Istanbul et Ankara, on a par exemple remplacé des observateurs du dépouillement du scrutin par des membres de l’AKP, en organisant d’intimidants mouvements de foule en face de certains bureaux de vote sensibles.
 
On ne peut toutefois pas remettre en cause la victoire des islamistes d’Erdogan, l’avance de son parti sur les autres s’établissant à deux chiffres en pour cent et non à quelques voix. La vérité crue est que les Turcs ont décidé de se boucher les oreilles et de se voiler les yeux sur ce qu’ils savent de l’exercice défaillant du pouvoir. Ils ont choisi d’écouter le leader charismatique qui démontre qu’il préserve son influence prépondérante sur le petit peuple et les classes défavorisées.
 
L’électorat, à l’est du Bosphore, est simple, pour ne pas dire simplet. Il a réagi favorablement à l’argumentaire trivial de Tayyip Erdogan qui, comme c’est son habitude, n’a rien fait de plus qu’articuler sa campagne sur un grand antagonisme.
 
Après la culture occidentale et l’implantation rampante d’Israël dans la société turque, il a ciblé cette fois son ancien allié, le prédicateur islamiste Fethullah Gülen et ses partisans. Il les a accusés de rien de moins que de fabriquer de fausses affaires de corruption dans le dessein de fomenter un coup d’Etat. Il a présenté à ses compatriotes la nécessité urgente de déraciner les Gülénistes pour sauver la patrie. C’était son seul cheval de bataille lors de la campagne électorale, et avec une pincée d’intimidation, cela a suffi à faire la différence.
 
La faute aussi à la non-représentation des autres partis dans les parties reculées et rurales du pays, et surtout, au comportement politique de l’importante minorité kurde, qui ne peut décemment pas voter pour les partis nationaux et nationalistes qui les combattent.
 
En août se déroulera la consultation au terme de laquelle un nouveau président sortira des urnes. Erdogan, qui sera candidat, aura la tâche un peu plus difficile, puisqu’il lui faudra, afin de l’emporter, recueillir plus de 50% des suffrages sur sa candidature. Mais, après la Syrie de Béchar al Assad, il reste encore bon nombre d’Etats limitrophes qui pourraient être tentés de bombarder la tombe d’un cheikh ottoman mort déjà depuis plusieurs siècles.
 
Ces arsouilles qui nous dirigent sont de très dangereux détraqués, mais nous ne savons toujours pas comment nous en débarrasser démocratiquement.
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Родион Романович Раскольников
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MessagePosté le: 07 Juin 2014 12:18    Sujet du message: Répondre en citant

Il est difficile d'être optimiste pour les jours à venir en Turquie.

La politique de plus en plus incohérente et catastrophique menée par le PM turc a ses répercussions dans tous les domaines...

Un exemple frais, la mairie d'Agri gagnée par AKP a été invalidée et le renouvellement de l'élection a donné victoire au candidat Sakik représente le BDK, parti politique dirigée d'une certaine manière par Ocalan de sa prison.

Lors de sa première déclaration en qualité de maire il a annoncé qu'il va changer les rues et immeubles portant le nom du Général Karabekir et détruire le monument dédié aux aviateurs turcs (tiens le PM aussi avait quelque chose de pareil).

Ce premier montre encore une fois le caractère sectaire de ce parti qui joue sur des valeurs ethniques et M. Sakik par son discours se montre séparatiste, voire raciste en tout nationaliste et naturellement conformément à ces adjectifs ignorant.

En effet, le monument attaqué est érigé pour honorer les aviateurs turcs tombés dans les environs au retour d'Iran et pas des aviateurs qui ont bombardé "le kurdistan" selon la croyance de M. Sakik.

Ensuite quoi qu'on dise Karabekir est un héros de incontestable de la guerre d'indépendance où la population entière de la Turquie a participé et a gagné contre les occupants. Oui c'est un conservateur, mais cela ne change pas la valeur symbolique du personnage.

On ne construit pas une politique sur la haine, sur la division...

Comme le dit très bien M. Sirmen dans son chronique paru dans Cumhuriyet "Karabekir représente Lausanne, Saki Sèvre"

Le traité de Sèvre est la capitulation ottomane à la fin de la première guerre mondiale et l'acceptation de l'occupation et le partage de l'Anatolie alors que le tarité de Lausanne est la reconnaissance par l'Occident de la République turque sortie victorieuse de la guerre d'indépendance.
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ipso_facto
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MessagePosté le: 07 Juin 2014 16:11    Sujet du message: Répondre en citant

En parlant de symbolique, récemment j'ai découvert que le Consulat général de Turquie à Boulogne-Billancourt se trouve rue de Sèvres !
J'ai cru que c'était une blague.
Pour les Etats dignes de ce nom, je pensais que la symbolique avait une certaine importance...

Pensez un instant qu'un consulat français se trouve rue de Waterloo dans un autre pays.

A noter que le Consulat général de France à Istanbul se trouve Istiklal Caddesi. Tout un symbole !
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MessagePosté le: 24 Juin 2014 0:24    Sujet du message: Répondre en citant


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Philippe
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MessagePosté le: 24 Juin 2014 7:39    Sujet du message: Répondre en citant

ipso_facto a écrit:
En parlant de symbolique, récemment j'ai découvert que le Consulat général de Turquie à Boulogne-Billancourt se trouve rue de Sèvres !!

,
L'église du Sacré-cœur à Montmartre, l'une des plus visitée de Paris a pour adresse Rue du chevalier de la Barre. Le Chevalier de la Barre est la dernière personne condamnée à mort et exécutée pour profanation religieuse en France en 1766. Ce n'est absolument pas un hasard...
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Cyberturc
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MessagePosté le: 24 Juin 2014 12:28    Sujet du message: Répondre en citant

ipso_facto a écrit:
En parlant de symbolique, récemment j'ai découvert que le Consulat général de Turquie à Boulogne-Billancourt se trouve rue de Sèvres !
J'ai cru que c'était une blague.
Pour les Etats dignes de ce nom, je pensais que la symbolique avait une certaine importance...

Pensez un instant qu'un consulat français se trouve rue de Waterloo dans un autre pays.

A noter que le Consulat général de France à Istanbul se trouve Istiklal Caddesi. Tout un symbole !


Pour le symbole, on ne sait pas qui devrait s'offusquer le plus car ériger un consulat sur le fiasco de ce traité peut aussi être lourd de sens. Ce qui me gêne, c'est que la population turque est très faiblement représentée de ce côté de la région parisienne et cela oblige la majorité des gens à faire une longue route pour y arriver. Idéalement, ils auraient pu choisir des communes telles que Saint-Mandé ou Vincennes....

Cela étant, et pour être tout à fait honnête, je me sentais insulté d'être turc à chacun de mes déplacements au précédent consulat et l'arrogance que je percevais de l'appareil étatique qui traitait ses citoyens comme des moins que rien frisait la haute trahison envers son peuple. Les gens ne vont malheureusement pas oublier cela de si tôt. C'est aussi pour cela qu'Erdogan, malgré tout ce qui se passe, malgré toutes les horreurs, les malversations, les injustices, les agressions verbales et physiques, malgré tous ses discours moyenâgeux, a de beaux jours devant lui car la Turquie "laïque et moderne" d'avant Erdogan est associée à ce carcan stalinien qui ne montrait aucun respect à ses ressortissants et qui était bien pire. On aurait dû se préoccuper de ces questions avant et nous n'en serions pas là.

Aujourd'hui encore, je pense que citer comme source Metula news pour contrer Erdogan est particulièrement mal venu et mal choisi car crée la perception d'une "l'intelligentsia" qui veut récupérer ses privilèges en abattant ses cartes plutôt maladroitement.

Je souhaite un parti qui continue sur la voie démocratique, capable d'instaurer une véritable paix sociale dans cette Turquie aussi hétérogène mais avec une administration laïque, intègre et honnête.

Ce cauchemar de l'AKP aura alors été une étape nécessaire pour faire entendre les voix opprimées avant de passer à autre chose. Est-ce possible? Je n'en sais rien. Il ne s'agit pas juste de populations ayant des divergences de points de vues mais des différences civilisationnelles avec des modes de vies très différents.

Tout ce que je sais, c'est que la Turquie est génétiquement capable de faire cela, que toutes les civilisations qu'elle renferme devront apprendre ou réapprendre à se respecter et à travailler ensemble dans l'intérêt commun ou bien disparaître. On ne peut plus imposer l'hégémonie d'une culture sur une autre.
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Raskolnikoff
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MessagePosté le: 26 Juin 2014 13:46    Sujet du message: Répondre en citant

Cyber, permettez moi de saluer votre retour au forum après une longue absence.
Vos interventions donnent lieu d'habitude à des échanges fructueux et alimentent des débats intéressants.

Je fais remarquer que je saisis mal le sens de vos propos : "citer comme source Metula news pour contrer Erdogan est particulièrement mal venu et mal choisi car crée la perception d'une "l'intelligentsia" qui veut récupérer ses privilèges en abattant ses cartes plutôt maladroitement."....

Mena (Metula News) est une agence de presse. Ici, n'importe quel organe de presse a droit de cité, et si les correspondants de Mena ont une position critique vis-à-vis de la Turquie d'Erdogan, en quoi cela serait "particulièrement" mal venu et mal choisi? Je rappelle que les atteintes réitérées en Turquie contre le droit et la liberté d'expression -critiquées par les correspondants de Mena- ne visent pas uniquement "l'intelligentsia", mais toute la population. ces droits et libertés ne sont pas le privilège des intellectuels. Le proche de mineur insulté et malmené à Soma est un exemple flagrant, entre autres, de ces atteintes caractérisées.
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MessagePosté le: 27 Juin 2014 5:41    Sujet du message: Répondre en citant

Merci, c'est toujours un plaisir. Je n'avais pas grand chose à dire et nos propos commençaient à se répéter. Là, j'ai du nouveau alors je m'exprime.

Je dois vous informer avant tout que mes propos ne vous visent pas vraiment ou alors ils me visent peut-être aussi. Je ne pense pas que quelqu'un ici ait vraiment un agenda caché. Tout le monde cherche à faire preuve d'un minimum d'honnêteté intellectuelle. Maintenant, chacun voit midi à sa porte et je crois qu'au stade actuel, il est important de dire les choses parce-qu'on n'arrête pas de tourner en rond.

A propos de Metula, vous n'êtes pas sans ignorer qu'aucune agence de presse n'est vraiment totalement "innocente" et qu'elles ont tous pour but sous couvert de promulguer une information "objective et neutre" de défendre l'intérêt de la nation qu'elles servent, à faire valoir leurs idées. Cela est vrai pour l'AFP, pour l'Agence Anatolie et bien entendu pour Mena. Là, pour le moment tout ce que j'écris relève du truisme dans toute sa banalité.

Le débat civilisationnel qui a lieu en ce moment en Turquie me semble tout à fait caricatural : tout le monde invite l'autre à "lire un livre", chacun traite l'autre d'imbécile, les insultes pleuvent et les violences sont légion.

Ce que je vois moi, c'est que la grille d'analyse est différente et je crois qu'il faut savoir quelles sont les lunettes que les électeurs d'AKP ont mis pour soutenir sans faille un leader aussi despotique autrement qu'en disant qu'ils sont incultes, ignares et stupides.

Dans ce contexte, je crois que la petite phrase de Tayyip à Soma en dit long : elle dénonce de façon sous-entendue les "dönme" et leurs descendants, qu'ils appellent les Turcs blancs, qui peuvent être des vrai dönme, des "mulâtres" qui le savent ou qui s'ignorent mais aussi des "turcs qu'ils ont réussi à rendre comme eux"… Tout ce beau monde a selon lui "phagocyté" le pouvoir et a constitué l'intelligentsia turque tout au long de la république turque depuis sa constitution jusqu'à l'avénement de l'AKP. Selon eux, cette caste, dont les préoccupations étaient plus tournées vers le bien-être d'Israël que les intérêts de la Turquie, serait responsable de ce que la Turquie d'avant l'AKP n'ait jamais pu se redresser après la chute de l'empire Ottoman. Cela peut être vrai, cela peut être complètement délirant, cela n'a aucune importance parce-que la distanciation des élites turques d'avant l'AKP, l'arrogance perçue de cet appareil étatique, la manière dont les turcs non européanisés étaient dénigrés, déconsidérés, la pauvreté économique du pays, son faible niveau d'instruction etc., etc, par opposition à la Turquie d'Erdogan qui a apporté une prospérité palpable a servi de socle pour surseoir cette intime conviction et c'est à travers ce prisme qu'ils analysent tout que ce soit vrai ou que ce soit faux, partiellement ou entièrement !

Donc dans un tel contexte, venir citer Mena, me semble un petit peu donner le bâton pour se faire battre. C'est, conforter ceux qui sont dans cette hypothèse et je ne pense pas que ce soit très productif mais ce n'est pas dramatique non plus.

Ce que je voulais dire, c'est qu'à un moment donné, il va falloir apaiser tout cela. Je ne parle pas d'Erdogan mais de la base de ses électeurs qui ne sont pas forcément tous des idiots et qui font partie de cette nation qu'on le veuille ou non.

Dans tous les cas, les dönme sont une communauté dont la relation au reste de la population est ambiguë puisque basée sur la duperie, le mensonge, la tromperie et l'imposture ce qui, par nature et de façon tout à fait légitime, par définition presque, ne peut inspirer aucune confiance.

Cela étant énoncé, les dönme ont aussi formidablement contribué à l'évolution de la société turque, à instaurer la primauté de la raison et du savoir contre l'obscurantisme, à créer une société qui privilégie de l'éducation, les arts, la culture. Aujourd'hui, on peut dire que tous les turcs qui ont interagi favorablement avec cela sont considérés comme les turcs blancs d'où le dicton "ils ne se convertissent jamais mais ils vous font ressembler à eux" et d'où l'apostrophade "graine d'Israël" de Tayyip qui continue à alimenter cette division de la société alors qu'ils n'ont rien fait de plus que d'aider les gens à se mettre en phase avec les réalités de faire preuve d'un peu de bon sens.

On est donc dans un joli sac de nœuds puisque la frange religieuse et traditionaliste voit là une volonté de détruire ce qui fait l'essence même de l'identité turque et que cela provoque un repli. C'est donc qu'il va falloir résoudre. Ce ne sera pas une mince affaire.
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Dernière édition par Cyberturc le 27 Juin 2014 13:51; édité 1 fois
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Raskolnikoff
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MessagePosté le: 27 Juin 2014 12:43    Sujet du message: Répondre en citant

Bonjour Cyber
Pourquoi me sentirais-je visé???
Je répondrai ultérieurement sur le fond de votre message que j'ai lu avec beaucoup d'intérêt. Aujourd'hui, je manque de temps.
Je me permets avec votre aimable autorisation de relever juste un point qui m'a amusé, car beaucoup de gens commettent la même faute dans ce type de locution:

Citation:
A propos de Metula, vous n'êtes pas sans ignorer......


Cela veut dire = vous ignorez!

La forme correcte : "vous n'êtes pas sans savoir......."

Ceci étant dit, je sais bien sûr que personne n'est innocent, y compris les agences de presse!!!!! Et je ne me sens pas non plus si innocent que cela, en portant ici les articles de cette agence!!!!! Idea
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MessagePosté le: 27 Juin 2014 13:35    Sujet du message: Répondre en citant

C'est exact, c'est une formulation un peu embrouille de type "je vous en offre deux pour le prix de trois" mais on peut s'emmêler très facilement les pinceaux soi-même en voulant jouer au plus malin Wink
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MessagePosté le: 30 Juin 2014 12:06    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
a Turquie d'Erdogan qui a apporté une prospérité palpable a servi

Maintenant que le pouvoir d'AKP a plus d'une douzaine d'année, il est possible de faire des comparaisons macro-économiques avec les périodes passées. Et là il n'y a rien d'exceptionnel quand on regarde les principaux indicateurs économiques.
On peut dire d'une manière ironique que ce pouvoir à bien bénéficié d'une conjoncture économique exceptionnelle mais là il n'y a pas de miracle, ce pouvoir a ajouté un peu plus à l'accumulation antérieure mais à quel prix?

L'un des problèmes primordiales de la Turquie, la répartition du revenu n'a pas évolué dans le sens positif mais AKP a sauvé l'apparence en créant le statut de "biat" en distribuant de la nourriture et de produits de premiers nécessité avec l'argent venant des impôts mais en collant son étiquette personnelle dessus.

On peut en discuter en détail de ce sujet sur l'économie turque dans la contribution dédiée, mais la grande question reste :
Pourquoi malgré ce déballage de corruption ainsi que le despotisme n'affecte en rien presque la moitié de la population. Pourquoi "çaliyorlar abi ama iste yapiyorlar" est accepté?

Là sans doute cette "arrogance" d'une couche sur l'autre est vrai, du moins cette perception est au coeur du problème...

Par contre l'importance qu'accorde Cyberturc au "dönme" me laisse perplexe puisque la couche opposée au peuple anatolienne n'est pas du tout composée des "dönme"... Là je n'ai probablement pas bien saisi Cyberturc.

Sinon Erdogan est contre l'Israël dans le discours mais réellement en tant que co-président de ce projet dit en turc "BOP" n'a pas apporté de l'eau au moulin juif!!! La politique syrienne certes dans un sentiment anti alévite est avant tout conforme aux intérêts d'Israël (certes "evdeki hesap çarsiya uymadi")...
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MessagePosté le: 01 Juil 2014 10:11    Sujet du message: Répondre en citant

murat_erpuyan a écrit:
Par contre l'importance qu'accorde Cyberturc au "dönme" me laisse perplexe puisque la couche opposée au peuple anatolienne n'est pas du tout composée des "dönme"... Là je n'ai probablement pas bien saisi Cyberturc.

Sinon Erdogan est contre l'Israël dans le discours mais réellement en tant que co-président de ce projet dit en turc "BOP" n'a pas apporté de l'eau au moulin juif!!! La politique syrienne certes dans un sentiment anti alévite est avant tout conforme aux intérêts d'Israël (certes "evdeki hesap çarsiya uymadi")...


Je pense que vous n'êtes pas le seul à avoir saisi les dönme puisque un important travail a été fait pour amoindrir et marginaliser leurs apports et influences et je ne crois pas qu'on mesure vraiment l'ampleur de l'impact du sabbatéisme dans l'histoire de la Turquie depuis la fin de l'empire jusqu'à la république. Mais pour vous mettre un peu sur la voie : Talat, Enver : Sabbatéens ; Atatürk est né en 1881 à Salonique… (et non à Dersim, à Konya ou à Diyarbakir).

Ce courant si déterminant dans la vie de la Turquie crie tellement par son absence dans le débat, il y a une telle minimisation face à cette énormité de la situation, des enjeux, de l'impact et de sa place dans l'actualité toujours évoquée à demi mots, d'allusions, de petites phrases à peine voilées que je pense que cela mérite tout de même quelques lignes dans ces modestes forums.

Pour Atatürk, vous ne saurez jamais s'il était dönme ou non mais cela n'a pas grande importance. Beaucoup accordent du crédit à ce qu'avait dit, Ben Zvi, un des anciens présidents Israëliens qui avait dévoilé une confidence qu'Atatürk lui aurait faite sur ses origines sabbatéennes...

Par contre, le fait qu'il ait reçu une éducation dans des écoles habituellement (exclusivement?) réservées à des sabbatéens comme celui de Semsettin Efendi (Simon Zvi), son "hoca" (son maître d'école le terme désigne aussi un enseignant spirituel par opposition à ögretmen qui signifie enseignant), un grand kabbaliste et que son entourage proche constitué de dönmes font sans aucun doute qu'il était très bien imprégné de cette culture et c'est cela qui compte réellement pour comprendre la Turquie moderne et en tous cas, ce n'est pas une chose que l'on doit minimiser.

En ce qui me concerne, cela a sans doute aussi été une chance pour la Turquie puisque c'est grâce à ce courant que nous avons encore un pays où des libertés existent sans être entravées par des idéologies moyenâgeuses. Bien sûr, il y avait déjà tous les courants un peu libertaires de "l'Islam" comme l'alévisme, les bektashisme… qui étaient très présents en Turquie et qui ne voulaient pas entrer dans le carcan sunnite. Ils ont constitué un terreau favorable pour la diffusion de la laïcité et des lumières donc tout cela n'aurait pas pu se développer sans cette condition préalable. Pour le reste, je crois que j'ai assez bien expliqué le mécanisme pour ne pas avoir à revenir dessus.

Par contre, pour le coup, c'est moi qui n'ai rien compris à votre dernière phrase Smile
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MessagePosté le: 01 Juil 2014 13:47    Sujet du message: Répondre en citant

Si la dernière "phrase" invoquée par Cyber est "Sinon Erdogan est contre l'Israël dans le discours mais réellement en tant que co-président de ce projet dit en turc "BOP" n'a pas apporté de l'eau au moulin juif!!! La politique syrienne certes dans un sentiment anti alévite est avant tout conforme aux intérêts d'Israël (certes "evdeki hesap çarsiya uymadi")..."
j'avoue n'avoir rien compris moi-non plus..;
j'y pige que dalle..;comprends tchi!!!!!
Si Murat peut-être plus clair et explicite!!!
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Родион Романович Раскольников
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MessagePosté le: 02 Juil 2014 20:42    Sujet du message: Répondre en citant

Je voulais dire que même si en discours le PM turc est contre l'Israël la politique étrangère menait par la Turquie conforte les intérêts d'Israël...
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Raskolnikoff
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MessagePosté le: 03 Juil 2014 2:55    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Je voulais dire que même si en discours le PM turc est contre l'Israël la politique étrangère menait par la Turquie conforte les intérêts d'Israël...


Je trouve cette appréciation éminemment simpliste. En quoi par exemple, le soutien àHamas, et à Morsi, les frères musulmans en Egypte, rien que ces deux faits, conforteraient les intérêts d'Israël? Dans le cas syrien, le cas est beaucoup plus complexe, et je ne peux absolument pas être d'accord avec vous. Pour Israël, une Syrie affaiblie et plus occupée à combattre les groupes terroristes sunnites que "faire la guéguerre" à l’État hébreu semble préférable à une Syrie détruite, en proie à ces groupes incontrôlables à ses frontières. c'est logique non! Surtout certains de ces groupes sont encouragés par les forces au pouvoir en Turquie!!!!
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Родион Романович Раскольников
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